L'exploration entre dans une nouvelle ère
Nous devons relever un défi de taille : comment « programmer et vendre » les expériences de voyage transformationnel qui favorisent le développement personnel et, par extension, un changement global.
L’expérience transformationnelle est un concept qui n’est pas sans rappeler celui de la résonance spirituelle : « Une immense émotion qui peut être ressentie profondément, et qui s’intensifie à mesure qu’elle est accueillie par le corps et l’esprit. Cette résonance est ressentie presque à chaque fois, avec sensation que tout prend enfin un sens... »
Notre ambition est de cultiver la transformation en encourageant un voyage intérieur, et en injectant davantage de conscience à la conception, au marketing et au coaching de notre programme. L’idée est de favoriser la pleine conscience, la synchronicité, l’aventure et l’action pour se connecter aux autres et créer des expériences transformationnelles.
Pour proposer un voyage transformationnel, peut-être devons-nous réinventer complètement le processus, de la manière dont nous vendons le voyage et communiquons notre message, jusqu’à la façon dont nous concevons et orchestrons le voyage, en passant par notre relation avec les voyageurs. L’objectif est d’augmenter
les peak experiences, d’inviter les voyageurs à s’aventurer au-delà de l’itinéraire soigneusement établi, et de réintroduire de la spontanéité pour favoriser l’épanouissement personnel. Pour cela, nous devons ajouter davantage d’intention, de pleine conscience et d’introspection à la belle équation du voyage.
Soyons bien clairs, nous ne réinventons pas la roue. Les aborigènes d’Australie ont leur walkabouts (voyages initiatiques) et les Inuits ont leur « marche d’errance ». Rumi, poète et mystique vénéré du 13e siècle, a dit « Dès que tu avances sur le chemin, le chemin apparaît. ». D’ailleurs, l’étymologie du mot anglais travel provient de l’ancien français “travailler”, au sens de se donner la peine.
Pour créer des expériences qui favorisent le développement personnel, nous sommes convaincus que nous devons appréhender le voyage avec une dimension spirituelle. Il faut complètement repenser la dynamique humaine, la marque, le message, la conception des itinéraires, le suivi et la manière dont nous accompagnons les voyageurs dans leur transformation une fois de retour chez eux. Il est essentiel qu’une fois que l’explorateur répond à l’appel de l’aventure, nous lui expliquions comment regarder en lui-même, faire preuve d’introspection, se remettre en question et trouver le moment et l’endroit pour réellement réfléchir à ce qui motive son désir de voyager.
COMMENT FAIRE ?
1) Arrivées efficaces, fins mémorables, peak experiences gratifiantes : nous pensons que les randonnées, treks, défis, escalades, expériences avec les autochtones, etc. sont celles qui inspirent le plus à la transformation, et qui incitent à pratiquer le cycle d’apprentissage expérientiel, en réfléchissant chaque jour et donnant une large place au sens.
2) Pratiquer l’art du slow travel, par exemple en partant marcher en pleine conscience à votre arrivée, permettant ainsi à votre esprit de s’éveiller au moment présent. Au lieu de visiter une destination à toute vitesse, nous prenons notre temps, et nous nous imprégnons de notre environnement. En tant que professionnels du voyage, nous devons les aider à RA-LEN-TIR, pas l’inverse.
3) Entre les activités, laissez des intervalles d’exploration spontanée, conçus pour attiser l’envie d’évasion du client et capturer l’essence du poème Undersong d’Emerson. Allez à la rencontre des autochtones ; chaque rencontre peut devenir le nouveau chapitre d’une inoubliable histoire de voyage.
4) Des lieux offrant une belle énergie aux explorateurs – endroits lointains et silencieux, ciels étoilés, sites sacrés… Des lieux qui attirent le voyageur, qui l’émerveillent.
En ritualisant son départ, le voyageur honore le moment où il « franchit le seuil », et ce processus peut transformer une aventure expérientielle en un voyage spirituel. Quel est votre seuil ? Est-ce la porte d’entrée, l’aéroport, ou lorsque vous posez le pied dans un lieu inconnu ? Quelle que soit la réponse, il faut l’identifier et lui apporter une dimension symbolique.
Une fois que l’aventure commence, comment savoir lorsque nous sommes vraiment arrivés à destination ? Lorsque nous pénétrons dans une gare, un sanctuaire, ou une forêt ? Ou comme le dit Phil Cousineau : « Peut-être que l’on est arrivé lorsque l’on se trouve sur la route qui nous ramène à nous-mêmes ? ».
Et une fois qu’il est immergé dans la destination et l’expérience, le voyageur doit ralentir et être présent à lui-même, ne pas oublier de respirer, ouvrir les yeux et les oreilles… Mais comment y parvenir ?
-Introduisez de la méditation, du yoga quotidien, proposez une application à télécharger.
-Encouragez la tenue d’un journal, d’un carnet de dessins, suggérez d’enregistrer les sons.
-Invitez le voyageur à trouver son rythme et s’y connecter, à écouter la conversation de la table d’à côté, les échanges au marché, le sifflement du train, le chant des oiseaux, le murmure du vent dans les cimes des arbres.
-Ouvrez vos sens - Dans Explorers of the Infinite, Maria Coffey examine comment les aventures intenses, comme l’escalade, le rafting ou d’autres activités exigeantes ont le potentiel de vous emmener au-delà de vous-mêmes et de bouleverser tout votre être. Ce phénomène s’explique par une corrélation forte entre la spiritualité, les aventures en plein air et la transformation personnelle. En vivant pleinement ces moments intenses, les voyageurs trouvent leur rythme, stimulent leur soif d’évasion et décuplent les moments propices à la transformation personnelle.
Pour conclure, j’aimerais que vous réfléchissiez à la manière dont nous envahissons les destinations, à notre irresponsabilité en matière de voyages, et au fait qu’il n’y aura bientôt plus d’endroits à découvrir. Le voyage devient de plus en plus facile et donc aux antipodes du développement durable. Nous devons donc appréhender les mêmes destinations avec une nouvelle perspective, ou bien transposer le voyage en une exploration de nous-mêmes, de l’humanité et d’une zone inconnue enfouie dans notre esprit, individuellement et culturellement. En espaçant davantage les activités et en laissant de la place à la spontanéité, nous ramenons le voyage à ses origines et à son essence. Le voyage doit se défaire des Miles, des bucket lists, des visas, du nombre d’étoiles d’un hôtel, et des photos qui crient « regardez-moi » sur Facebook.
Jake Haupert - Co-fondateur Transformational Travel Council