[Article contre-tendance] Les milléniaux : entre la conquête du monde et la conscience écologique

Chloé St-Hilaire via son article  “Les milléniaux : entre la conquête du monde et la conscience écologique” pour propose une dose de jeunesse et d’optimisme.

Ah les milléniaux, ces grands voyageurs ! Courts séjours, road trips, échanges étudiants, stages… toutes les raisons sont bonnes pour partir à l’aventure. À la découverte de l’autre et de soi-même. Le voyage est non seulement ancré dans les habitudes de ma génération, mais il est également fortement valorisé. Selon une recherche d’Expedia Group, les milléniaux sont ceux voyageant le plus, avec une moyenne de 3.1 voyages par année.

 

Hélas ! 2020 avait d’autres plans…

 

Depuis mars dernier, la pandémie mondiale obligea les voyageurs à poser leurs valises et, par le fait même, à s’interroger sur ce qu’allait représenter le tourisme dans un avenir proche. Comment les aspects de santé et sécurité viendront-ils changer les habitudes de voyages des milléniaux ?

 

Planifier son prochain voyage…autrement ?

 

Il est complexe d’établir quelles seront les nouvelles habitudes de voyage qui résulteront de la crise actuelle. Malgré les données récoltées à ce sujet dans les derniers mois, il faut garder à l’esprit que la société a tendance à rapidement retourner à ses vieilles habitudes et passer par-dessus certains événements traumatisants ; on pense notamment au 11 septembre 2001, au tsunami de 2004 ou, encore plus récemment, au Bataclan.

 

Or, cette fois-ci, le danger n’est pas un événement isolé résultant d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Le danger est presque partout. Le danger, c’est autant l’inconnu dans le métro que l’oncle Marcel ou la sympathique boulangère du quartier. Pire encore, et si c’était moi le danger ? Sans le savoir. Flippant non ?

 

Pourtant, selon une étude du GroupExpression, agence de marketing et communication spécialisée dans le tourisme, 64% des milléniaux attendent impatiemment leur prochain départ. Ça suffit les #throwbackthursday, le temps est venu pour du nouveau contenu !

 

Cette statistique laisse croire que les milléniaux, qui ne représentent qu’une infime partie des victimes de la Covid-19 (ce sont plutôt les dommages collatéraux qui nous affectent), favorisent leur santé mentale avant leur santé physique. Le besoin de rencontrer, échanger, découvrir est peut-être même plus présent qu’en temps normal où l’envie de rester tranquille à la maison prenait parfois le dessus.

Conséquemment, après plusieurs mois de confinement, principalement en ville, sans pour autant pouvoir profiter de ses avantages habituels, il n’est pas étonnant qu’une proportion significative songe déjà à lever l’ancre.

 

Toutefois, bien que certains milléniaux ne semblent pas particulièrement effrayés de reprendre l’avion pour des questions de sécurité, la Covid-19 risque tout de même d’amplifier certaines tendances actuelles telle que le #flygskam (la honte de voyager en avion) et d’ainsi influencer les choix de voyages. En effet, avec la popularité des expériences authentiques et du tourisme durable, la crise actuelle donne une raison de plus aux milléniaux de faire des choix correspondant à leurs valeurs liées au développement durable.

 

Normalement friands d’expériences urbaines et de longs weekends, il y a fort à parier que les milléniaux soient plus attirés que jamais par les escapades en nature. Que ce soit en glamping, en van ou dans un petit hôtel indépendant, la distanciation physique sera beaucoup plus accessible et agréable que dans un tout inclus.

 

Et pour ceux qui préfèrent les voyages où il est moins évident de respecter la distanciation physique, se sentiront-ils autant en sécurité qu’auparavant ? Tout ça dépendra du lieu. La Covid-19 n’est ni le premier ni le dernier danger de la sorte. Les destinations où le tourisme de masse est courant devront alors mettre en place des pratiques de contingence pour assurer la sécurité des visiteurs. Mais s’il fallait réserver toutes les visites et expériences à l’avance, est-ce que les milléniaux, qui adorent les voyages de dernière minute, vont autant apprécier leurs expériences ?

 

Repenser la perception du risque

 

Un autre élément fort intéressant mis en avant par cette crise est que les destinations dites à risques ne sont peut-être pas celles que l’on croyait. A la perception du niveau de danger des destinations, s’est ajouté un nouveau facteur : la réponse à un danger biologique. Est-ce que le niveau de risque d’un festival sera désormais perçu en fonction de sa localisation ou de ses participants ? Si oui, des pays comme l’Italie, la France et les États-Unis risquent d’en payer le prix. Et c’est sans parler de Montréal, reconnue mondialement pour sa saison de festivals tous plus variés les uns que les autres, qui doit maintenant reconstruire sa réputation de destination sécuritaire.

 

Qui sait, peut-être qu’une destination habituellement perçue comme « à risque », mais qui a bien géré la propagation du virus, aura désormais une meilleure réputation que Montréal quant au danger potentiel ? Ce mouvement de balancier risque d’être fort intéressant à suivre dans les prochaines années. Est-ce que ce seront les pays avec le plus de moyens qui auront les meilleures mesures de santé et sécurité ? Pas forcément.

 

Finalement, il faut s’interroger si cette nouvelle sensibilisation à la santé publique viendra impacter les pratiques touristiques plus collaboratives telles que le couchsurfing, le covoiturage, le repas chez l’habitant, etc. Bien qu’elles permettent souvent de vivre des expériences authentiques, la crainte de l’autre et de la propagation du virus pourrait malheureusement réduire la popularité de ce genre de pratiques pourtant économiques et écologiques.

 

En somme, comme dit Albus Dumbledore: on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres... Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière. Autrement dit, dans cette crise mondiale, il ne tient qu’à nous de développer ou de soutenir d’intéressantes innovations touristiques durables. Considérant que les milléniaux risquent d’augmenter leurs voyages de proximité, il est nécessaire de mettre en place des mesures favorisant l’émergence de nouvelles solutions écologiques et viables facilitant les déplacements en dehors des grandes villes.

 

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Cahier-Tendances 2021

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